DE LA NOBLESSE DE JEANNE DAY ou DARC, PUCELLE D'ORLEANS, DIT DU LYS.
(extrait du chapitre 43 du "Traité de la noblesse" de La Roque)
Le livre "Traité de la Noblesse" est disponible au catalogueNoblesse
de Mémoire & Documents
"LA MISSION DE JEANNE D'ARC" du Colonel de Liocourt
MJA, 1974, 2 tomes 32 x 25 (brochés), 376 + 456 p., 130 €
Tome I : Le plan d'action
Tome II : L'exécution
Nombreuses illustrations noir et blanc et couleurs. Une somme inégalée sur la question.
"JEANNE D'ARC, BERGERE, PRINCESSE OU SORCIERE ?" de Micheline Peyrebonne,
JABP, 2004, 15 x 21, 218 p., 23 €
Le secret de Jeanne d'Arc ne doit pas être cherché à Domrémy, ni chez Isabeau de Bavière, mais chez les Anglais. On fit passer pour une bergère, pour une princesse, pour une visionnaire, la jeune fille inspirée qui partit de Vaucouleurs, le 23 février 1429, pour aller «reprendre Orléans aux Anglais», et «faire sacrer Charles VII à Reims». Elle était accompagnée de plusieurs personnes. Tous les frais de ce voyage furent remboursés à l'arrivée par le Trésor Royal. Qui était donc Jeanne d'Arc ? Quel fut, dans son aventure, le rôle de la belle-mère du Roi, Yolande d'Aragon, qui gouvernait alors le duché de Bar, où habitait Jeanne ? Pourquoi les Anglais, victorieux jusque-là, reculèrent-ils devant cette fille en blanc ? Ce livre bouscule les idées reçues et développe une thèse assez surprenante.
La France était sur le penchant de sa ruine par les grandes conquêtes que
les anglais y faisaient, à la faveur des factions et des divisions qui
régnaient entre les maisons d'Orléans et de Bourgogne ; lorsque Dieu, qui l'a
toujours favorisée de sa protection dans les plus pressantes occasions, lui
envoya un secours extraordinaire et plus humain, faisant sortir des frontières
de Champagne, Jeanne Day ou Darc, depuis appelée la Pucelle d'Orléans, pour
résister aux efforts de ses ennemis.
Elle était née au village de Domrémy, paroisse de Greux sur la Meuse en
la prévôté d'Andelot, bailliage de Chaumont en Bassigny, élection de
Langres, diocèse de Toul. Ayant été conduite par Robert de Baudricourt au roi
Charles VII qui était à Chinon en Touraine, ce prince lui permit de porter les
armes pour son service. Ce qu'elle fit avec tant de prudence, de valeur et de
succès, qu'elle rétablit les affaires de ce royaume, qui semblaient alors
désespérées.
Elle commença ses actions surprenantes par le secours qu'elle jeta dans
Orléans, assiégé par les anglais, qu'elle défit, et les contraignit de lever
le siège. Tant d'autres signalés avantages qu'elle remporta sur eux,
inspirèrent à ce prince de lui donner des marques éclatantes de sa
reconnaissance, l'anoblissant avec Jacques Day ou Darc, et Isabelle Romée son
père et sa mère, Jacquemin et Jean Day, et Pierre Perrel ses frères ;
ensemble leur lignage, leur parenté et leur postérité née et à naître en
ligne masculine et féminine. Les lettres patentes en sont données à Mehun sur
Yerres en Berry au mois de décembre 1429 présent Grégoire l'Anglais, évêque
de Sées, et les seigneurs de la Trémoille et de Termes. Elles furent
enregistrées à la Chambre des comptes de Paris transférée à Bourges le 16
janvier de la même année, qui lors commençait à Pâques.
Etienne Pasquier, avocat général en la Chambre des comptes, dans ses
Recherches de la France, dit que ce privilège de noblesse est admirable et non
encore octroyé à aucune autre famille qu'à celle-ci. Il ajoute que le roi
Charles VII pour donner à la postérité des témoignages des valeureux
exploits de cette Pucelle, lui donna pour armes un ecu d'azur à l'épée
d'argent mise en pal, la pointe en haut, ayant la croisée et le pommeau d'or,
soutenant une couronne d'or, et accompagnée de deux fleurs de lys d'or. Et
qu'il gratifia aussi la famille du surnom du Lys. Cela se voit dans les
registres de la Chambre des comptes: C'est pourquoi Alain Chartier, secrétaire
du Roi Charles VII appelle cette Pucelle, Jeanne du Lis. Voici ce qu'il dit en
son histoire page 69 : Arriva une fille de l'âge de 18 à 20 ans par devers le
roi au Chastel de Chinon, nommée Jeanne du Lis la Pucelle. Les mêmes registres
de la Chambre des comptes portent que Charles duc d'Orléans, fit don de l'Isle
aux bœufs contenant 200 arpents, assise dans la rivière de Loire, dépendante
de son apanage, au même Pierre su Lis et à Jean son fils, pour en jouir leur
vie durant, par lettres du 26 juillet 1443 employées dans un compte de l'an
1444 et dans un autre de l'an 1456. Ainsi ils quittèrent le nom Day pour
prendre celui du Lis, par allusion aux fleurs de lys de l'écu de France. On a
mis en doute si l'intention du Roi Charles VII en anoblissant la Pucelle
d'Orléans a été de transmettre la noblesse à la postérité féminine de ses
frères ; parce qu'il est du style ordinaire de plusieurs autres chartes,
d'anoblir mâles et femelles ; mais non pas les descendants des filles, si elles
ne contractent des alliances nobles.
Voici des exemples de ces anoblissements, qui néanmoins n'ont point eu
d'effet pour les descendants des filles, comme nous remarquerons ci-après : Le
roi Philippe VI par ses lettres données à Agen l'an 1340 anoblit Gérard de
Byle du Puy de la Roche, avec sa postérité mâle et femelle. Il anoblit aussi
Jean du Four de Figac alors habitant de Saint-Jean d'Angely, avec sa postérité
née et à naître, mâles et femelles. Les lettres en furent données à
Royal-Lieu, au mois d'août 1342 signé par le roi, R. de Molins. Ce prince
anoblit pareillement Guillaume le Champenois de Chaumont en Bassigny, avec sa
postérité mâle et femelle ; suivant les lettres données à Saint-Germain en
Laye au mois d'octobre 1344. Jean Pisdoë, prévôt des marchands de Paris, et
Agnès sa femme, reçurent la même grâce, pour eux, et pour toute leur
postérité, mâles et femelles, par lettres expédiées à Fontaines
Saint-Martin au Maine en juillet 1345 la finance remise. Jean Phenapelier de
Rougemont fut du nombre des anoblis par le même roi, avec sa postérité,
mâles et femelles ; selon les lettres données à Brunay au mois de mai 1346.
Il y a une charte d'anoblissement concédée en septembre 1352 à Guillaume de
Bossac, bourgeois de Tulle, et pour toute sa postérité, de quelque sexe que ce
soit. Elle fut donnée à Brive la Gaillarde en Limousin, et confirmée par
lettres du Roi Jean, datées de Gournay en Normandie le 2 janvier de la même
année. Le même Roi Jean anoblit au mois d'octobre 1363 Jean le Coq maître de
la chambre aux deniers, avec sa postérité de l'un et de l'autre sexe. Ce qui
fut vérifié en la Chambre des comptes le lundi 13 mars suivant. Michel Bigot
de la ville de Bourges fut anobli avec sa postérité mâle et femelle, par
lettres du Roi Charles V du mois de Juin 1369 moyennant quarante francs payés
au trésor. L'enregistrement en fut fait à la Chambre des comptes le 23
juillet.
Cependant, quoique ces anoblissements fussent pour ceux qui les obtenaient
et pour leur postérité et lignée de l'un et de l'autre sexe, néanmoins aucun
de leurs descendants par femmes n'ont prétendu en tirer la qualité de nobles ;
parce qu'il est certain que les filles de ces anoblis avaient bien le privilège
de se qualifier damoiselles ; mais non pas celui de communiquer la noblesse aux
enfants sortis d'elles, et de roturiers. Il n'y a eu que les parents de la
Pucelle d'Orléans, qui aient pris cette liberté particulière de se dire
nobles, quoique la charte donnée en sa faveur ne comprenne que sa personne, son
père et sa mère, et ses trois frères. Ils y sont tous six expressément
nommés ; mais non pas les sœurs ni aucun autre de leurs parents ; si ce n'est
que l'on comprenne par ces termes : leur parenté, leur lignage, et leur
postérité, non seulement les descendants qui procèdent en droite ligne des
frères de cette Pucelle mais encore les descendants de ses tantes, et même
tous ses parents tant du côté paternel que du maternel. Il est vrai que ce
privilège de noblesse fut depuis interprété par la déclaration du Roi Henry
II donné à Amboise le 26 mars avant Pâques l'an 1555 par laquelle Sa Majesté
dit qu'il s'étend et se perpétue seulement en faveur de ceux qui seraient
descendus du père et des frères de cette Pucelle, en ligne masculine et non
féminine. Que les seuls mâles sont censés nobles, et non les descendants des
filles, si elles ne sont mariées à des gentilshommes. La publication en fut
faite à la Cour des aides et finances de Normandie, qui donna cet arrêt le 23
avril après Pâques l'an 1556 dont voici le contenu : Que ceux qui se disent
issus de la race de ladite Pucelle jouiront du privilège de noblesse, suivant
ladite charte, pourvu qu'ils portent le nom, ou qu'ils soient issus de filles de
Jacques Day, n'ayant dérogé à leur état, et ayant été mariées à des
gentilshommes vivant noblement. Les autres ne portant le nom et ayant dérogé
seront taillables, et défenses à eux d'usurper les armes de Jeanne Day, à
peine de confiscation de biens. Ce privilège fut encore aboli à l'égard des
descendants par femmes, par l'édit du Roi Henry IV de l'an 1598 sur le fait des
anoblissements créés depuis l'an 1578. Ce qui fut confirmé par édit du roi
Louis XIII du mois de juin 1614 article 10. Et par les déclarations de 1634 et
1635. Mais nonobstant ces interprétations, et ces restrictions expresses, les
descendants des filles ont joui du privilège, lorsqu'ils ont vécu noblement,
et qu'ils ont obtenu des lettres patentes pour y être maintenus. Jean Hordal,
docteur aux droits en l'université de Pont-à-Mousson, et parent de la Pucelle
d'Orléans ; Valéran Varan, docteur en théologie en l'université de Paris ;
Etienne Pasquier, avocat général à la Chambre des comptes ; Pierre Grégoire,
Henry Sponde évêque de Pamiers, et plusieurs autres, tiennent dans leurs
histoires cette noblesse constante pour la postérité mâle et femelle, et pour
les descendants de l'un et de l'autre sexe. Aussi, il y a eu plusieurs lettres
expédiées, et plusieurs jugements rendus en faveur des intéressés.